Marché immobilier :

Les français, mauvais élèves de l’Europe en culture financière ?

Publié le 30/11/2020

Dans le cadre de la première édition du « Rapport Allianz sur les ménages », une étude représentative sur un échantillon de 1 000 personnes menée respectivement en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Italie, en Espagne et aux États-Unis. L’analyse porte sur les expériences en matière de revenu, de consommation, d’épargne et d’investissement, de connaissances financières et de culture du risque pendant la pandémie de COVID-19.

Culture financière : moins on en sait...

Afin de mesurer le niveau de culture financière, l’étude posait quatre questions faisant appel à différentes compétences financières : calcul, intérêts, comptabilité et inflation. Dans l’ensemble, le niveau de culture financière des personnes interrogées est terriblement bas : seuls 28,5 % des personnes interrogées ont répondu correctement aux quatre questions. En France, ce nombre tombe à 19,2. Si des différences entre les différents groupes d’âge sont cohérentes - la culture financière s’acquiert peu à l’école et principalement par expérience –, le très net écart entre les sexes dans tous les pays a de quoi surprendre : alors que 36,4 % des hommes interrogés possèdent un niveau de connaissances financières suffisant, seules 20,7 % des femmes de l’échantillon français ont le niveau. En France, l’écart entre les sexes est tout aussi important (16,3 %). « L’énorme écart entre les hommes et les femmes en matière de culture financière est alarmant », déclare Patricia Pelayo Romero, auteure du rapport. « La culture financière est un facteur déterminant qui explique pourquoi un pan de la population est mieux à même de faire face au choc que d’autres. La conjonction d’un faible niveau de culture financière et d’un impact financier plus important constitue le terreau parfait d’une récession féminine (« she-cession »).

La culture financière n’est pas un concept abstrait, elle a des conséquences mesurables. Lorsqu’on leur a demandé comment investir 1 000 euros, les personnes interrogées ayant un niveau de culture financière suffisant ont opté pour les valeurs mobilières (34,8%) au détriment des dépôts bancaires (22,3%), lesquels génèrent des rendements réels négatifs dans l’environnement de taux nuls actuel. Les personnes interrogées dépourvues de culture financière ont répondu l’inverse (26,8 % contre 29,8 %). Plus inquiétant encore, ces personnes sont plus enclines à investir dans les cryptomonnaies (11,6 %) que dans les produits d’assurance (9,0 %). « La culture financière fait une réelle différence », commente Arne Holzhausen, co-auteur de l’étude. « En période de taux d’intérêt réels négatifs, l’actif jugé le moins risqué enregistre des performances négatives. Les épargnant avertis savent comment éviter ce piège. »

Culture du risque : pas de quoi s’inquiéter...

Le rapport pose également deux questions « culture du risque » : une sur les probabilités de résultats et une sur la diversification des risques. Là encore, le niveau est (très) faible : seuls 27,6 % de l’ensemble des personnes interrogées ont répondu correctement aux deux questions ; en France le score est encore moins bon (26 %). La différence entre les sexes est elle aussi considérable : 9,6 % pour l’ensemble de l’échantillon et 12,9 % pour la France. Cependant, le rapport ne peut pas démontrer l’hypothèse selon laquelle la tolérance au risque est déterminée par le niveau de connaissance de ce dernier : une forte aversion au risque a pu être constatée aussi bien chez ceux qui ont une bonne culture du risque que chez les autres. Le niveau en moyenne plus élevé d’aversion au risque constaté chez les femmes indique que d’autres facteurs non observables comme la personnalité ou les attentes en matière de rôle social entrent en ligne de compte.

« Les niveaux terriblement faibles de culture financière et de culture du risque doivent inciter les responsables politiques et le secteur de la finance à prendre des mesures », déclare Patricia Pelayo Romero. « L’environnement d’investissement était déjà délicat avant que la crise sanitaire ne touche de plein fouet les économies et les marchés. Il l’est encore plus aujourd’hui. Faute de connaissances solides, nombre de ménages sont condamnés à prendre de mauvaises décisions sur le plan financier, avec des conséquences dévastatrices pour leurs finances à venir. Alors que les décideurs politiques devraient trouver des moyens d’intégrer la pédagogie financière dans les programmes scolaires standard, le secteur financier devrait redoubler d’efforts pour proposer des produits simples et faciles à comprendre. »

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